Comment savoir si l’on appartient à l’orientation hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle ou autre ? Qu’en est-il d’un changement de préférence sexuelle plus tard dans la vie ? Avec l’aide de deux sexologues, nous abordons ces lourdes préoccupations existentielles.
Est-il possible de naître hétéro, homo ?
Marie-Line Urbain note que, « comme on l’a vu, c’est difficile à chiffrer », mais que, d’après son expérience, elle peut classer les patients en deux groupes.
Les personnes au centre : celles qui ont choisi une direction et s’y tiennent
Les égarés : leur orientation change en fonction de leurs expériences et de leurs désirs. Certaines femmes peuvent présenter des tendances homophobes, par exemple en évitant les situations masculines et viriles. Parfois, c’est parce qu’elles ont eu une mauvaise expérience avec les hommes dans le passé et qu’elles se sentent en sécurité avec une femme, et d’autres fois, c’est parce qu’elles ne veulent tout simplement plus rien avoir à faire avec les hommes. Angela Bonnaud, sexologue, explique que cela est correct, en disant : « Il ne s’agit pas d’une homosexualité primaire, mais d’une homosexualité réactive ou évolutive. » Il est concevable que les deux se produisent. Presque tout le monde naît en connaissant, ou du moins en ayant un fort sentiment de connaître, son orientation sexuelle, et celle-ci ne change pas au cours de la vie. La socialisation d’autres personnes sera centrée sur leur orientation sexuelle ; cette orientation peut varier au fil du temps en raison de nouvelles expériences, de nouveaux désirs et de nouvelles relations. Les goûts peuvent soit rester constants, soit se développer au fil du temps. En d’autres termes, « il n’y a pas de bonne manière ».
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Peut-on prendre la décision de préférer un sexe plutôt qu’un autre ?
« Nous pouvons choisir le sexe que nous désirons le plus si cette préférence est liée à un besoin de découverte, à un désir d’essayer d’autres expériences. Cependant, comme le prévoit Angela Bonnaud, « si la décision de préférer un sexe à un autre est liée à une pression, une injonction ou une responsabilité de revenir à la norme, alors il sera difficile, voire impossible, de préférer un sexe à un autre, car cela irait à l’encontre de nos sentiments et de nos désirs les plus profonds. »
Comment déterminer l’orientation sexuelle de quelqu’un en cas de doute ?
- Se demander à quel sexe on pense pendant le plaisir solitaire peut être utile car, souvent, on est honnête avec soi-même. Il est également possible de se demander quels hashtags porno tendance attirent notre attention. Que vous vous surpreniez à fantasmer sur les hommes ou les femmes de ces vidéos, demandez-vous si vous vous identifiez à eux ou si vous les regardez simplement parce qu’ils sont attirants.
- Même si nous avons des doutes, il peut y avoir une attraction entre les sexes, comme le dit Angela Bonnaud. Savoir ce qui nous apporte le plus de joie et où nous plaçons le plus d’espoir est crucial. Nous voudrions avoir la possibilité d’examiner la projection parce qu’elle devrait nous inciter à vouloir l’examiner, même si elle a aussi le potentiel de nous effrayer. Si nous faisons l’expérience de l’érotisme lesbien ou gay alors que nous sommes hétérosexuels, ou vice-versa, nous pouvons susciter des doutes sur notre orientation sexuelle. Ce n’est pas parce que nous sommes excités par des fantasmes qui n’ont rien à voir avec notre orientation sexuelle que nous avons une de ces orientations. Être excité par des stimuli ou même des pratiques spécifiques ne définit pas notre orientation sexuelle. Un désir récurrent de proximité avec une personne réelle après une rencontre ou un échange bref mais significatif. Vous pouvez poser des questions sur n’importe quel sujet pour dissiper toute confusion.
- Troisièmement, parler à un thérapeute peut vous aider à déterminer si vous voyez les choses clairement ou non. Angela Bonnaud souligne qu' »il y a aussi ceux qui savent mais qui n’arrivent pas toujours à le dire », ajoutant : « N’oubliez pas qu’il existe encore des tabous et des difficultés liés au rejet, à l’abandon de la famille, etc. »
- Ne pas chercher à se comprendre. Car, comme le dit Véronique Sanson depuis des années : « on adore un être humain, pas une orientation sexuelle ».
Comment éviter de cacher son orientation sexuelle ?
Il est essentiel d’écarter la possibilité que nos tabous personnels nous empêchent d’exprimer nos véritables désirs.
Si vous voulez savoir si vous refoulez votre orientation sexuelle, soyez attentif au fait que vous essayez ou non d’éviter d’en parler, de changer de sujet ou de cacher vos sentiments en réponse aux questions sur votre sexualité. En fait, poursuit le thérapeute, « ce sont souvent les tabous sociaux et les jugements des autres à notre égard qui nous empêchent d’agir sur nos désirs.