D’où vient le drapeau des LGBT ?

Rouge, orange, jaune, vert, bleu et violet. Ce ne sont pas les premiers vers du poème « Voyelles » d’Arthur Rimbaud, mais bien les teintes utilisées pour décorer le drapeau arc-en-ciel qui représentait la fierté de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre à la fin des années 1970. L’Obs raconte comment il en est venu à dominer notre paysage.

En 1970, Gilbert Baker, soldat américain de vingt ans, s’installe à San Francisco, ville de la côte ouest. Passionné de mode et ouvertement homosexuel, il quitte l’armée pour travailler pour la campagne de Harvey Milk (un élu local) en faveur des droits des LGBT.

En 1978, lors de la 8ème  parade du Gay and Lesbian Freedom Day de San Francisco (défilé en faveur des droits gays et lesbiens), Gilbert Baker rassemble de grandes bandes de tissu coloré et les porte en écharpe. On peut désormais dire que le premier « drapeau arc-en-ciel » est né.

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Mais pourquoi un drapeau, exactement ?

 Comme le disait Gilbert Baker à Radio Free Europe/Radio Liberty en 2013, « c‘est un symbole très fort, qui projette du pouvoir« , deux ans après le bicentenaire de l’indépendance américaine en 1976, où les étendards rayés avec des étoiles circulaient largement.

Gilbert Baker a déclaré sur la couverture qu’il avait choisi l’arc des cieux en raison de ses nombreuses couleurs, qui représentent la diversité et la tolérance.

« Utiliser un phénomène naturel pour symboliser la sexualité et les droits de l’homme me plaît. Posséder une large gamme de tons est important pour le concept d’acceptation. » – Gilbert Baker

Dans l’Allemagne nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale, les hommes qui s’identifiaient comme homosexuels devaient porter un triangle rose. Par la suite, la communauté LGBT s’est appropriée le signe comme symbole de ses luttes.

Selon Slate, « Les habitants de San Francisco ont tenté d’ériger la ‘main pourpre’ en symbole, les homosexuels bostoniens placardant, eux, des affiches ornées d’un rhinocéros violet. » Personne n’a encore fait le premier pas sur le tapis volant.

La fabrication à grande échelle

Très vite, le spectacle de Gilbert Baker se drape dans la foule. Quelques mois après sa mise au point, en novembre 1978, la Paramount Flag Company commence à produire en masse l’étendard pour accompagner les manifestants qui défilent contre l’assassinat d’Harvey Milk. À ce moment précis, la rose, que l’industrie de l’époque n’a pas pu reproduire, a disparu à jamais. Dans les années qui suivent, afin de maintenir un nombre constant de couleurs assorties et de donner au drapé sa structure définitive à six bandes, Gilbert Baker élimine également le turquoise.

Le radical déménage à New York en 1994. La même année, pour commémorer le 25e anniversaire de Stonewall, catalyseur de la lutte pour les droits des homosexuels aux États-Unis, il construit une bannière de 1,6 km de long.

Pour célébrer le 25e anniversaire de la création de sa draperie, il envoie, en 2003, des portions d’un modèle construit dans le golfe du Mexique dans plus d’une centaine de villes du monde entier.

Le « rainbow flag » est devenu un symbole omniprésent de la fierté LGBT, apparaissant lors des célébrations de la Gay Pride (et dans de nombreux magasins) dans le monde entier. Il a aussi récemment fait son entrée sur Facebook sous la forme de filtres d’images et d’emoji.

Gilbert Baker aimait raconter comment il avait inventé la draperie de plafond en arc et comment il savait que c’était la chose la plus importante qu’il ne ferait jamais. Cependant, pour la première fois, il ne sera pas là pour allumer le feu de joie cette année.

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