Les Cubains sont invités à se prononcer le 25 septembre, sur un nouveau code de la famille qui légalise les mariages entre personnes de même sexe. Une question délicate dans une nation traditionnellement conservatrice. Non seulement la gauche libérale est divisée, mais soutenir le mouvement reviendrait à soutenir la dictature.
Dans l’histoire du régime castriste à Cuba, c’est quelque chose de complètement nouveau. Dimanche prochain, le 25 septembre, ce sera la première fois qu’une loi visant à réformer le code de la famille sera soumise à un référendum.
Cette loi a suscité la controverse en raison de son large champ d’application, qui inclut non seulement le mariage homosexuel, mais aussi l’adoption, la conception médicalement assistée et, dans des circonstances spécifiques, la gestation pour autrui.
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À l’origine, ce passage était sur le point d’être inscrit dans la Constitution de 2019, mais le gouvernement a fait marche arrière à la dernière minute, bien que le pays soit très machiste et chrétien (principalement catholique, mais avec un nombre croissant d’évangéliques). Les apparatchiks du régime étaient eux-mêmes profondément divisés.
Un vote pour la démocratie
Si le document est adopté, ce qui est très probable en raison de l’absence d’une autorité indépendante de surveillance des élections, le régime aura l’avantage de servir de modèle au reste de l’Amérique latine. Si par un hasard improbable il est rejeté, la dictature fera parade de cet exercice « démocratique ».
Ce vote n’est pas un « soutien au régime »
L’enquête a été menée alors que ce pays de 11,2 millions d’habitants traversait une grave récession économique et des niveaux d’émigration sans précédent. Plus d’un an auparavant, en juillet 2021, des manifestations historiques scandant « Nous avons faim » et « Liberté » avaient également secoué l’île jusque dans ses fondements.
Dimanche, le président Diaz-Canel a déclaré que « pour des sujets aussi difficiles que ceux-ci, où il y a une diversité de critères personnels » et dans un climat économique difficile, « les gens peuvent avoir une peine de vote. » Environ 500 personnes ont été condamnées à la suite des émeutes de juillet 2021, avec des peines pouvant aller jusqu’à 25 ans dans certains cas. Même les opposants au gouvernement n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la façon de voter en réponse à la nouvelle loi. Certains ont soutenu le texte tout en dispersant leur propre pouvoir, tandis que d’autres ont exhorté les gens à voter non ou à s’abstenir.
Manuel Cuesta Morua, un dissident politique, estime que ce vote ne doit pas être « interprété comme un soutien au régime ». Il a déclaré à l’AFP : « De nombreux militants LGBT souhaitent des changements fondamentaux et ont vu (…) une occasion presque unique de faire avancer des droits particuliers. » Le nombre de personnes qui ont voté « non » et « se sont abstenues » est « presque égal, sinon supérieur, au nombre de personnes qui ont voté « oui », a-t-il ajouté.
L’ambassade des États-Unis à La Havane a tweeté son soutien à « la décision du peuple cubain » de légaliser le mariage gay et l’adoption ouverte. « Mais cela ne change rien au caractère intrinsèquement anti-démocratique du gouvernement actuel de Cuba. Le peuple cubain mérite que ses droits de l’homme soient pleinement respectés, a-t-elle ajouté.